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45o JOURNAL DE HENRI III.
son absence, et particulièrement sur les motifs du funeste accident, je le priai de m'en dire ce qu'il lui plai-roit, étant vraisemblable qu'il en sçavoit, pour avoir si longuement participé au secret de ces affaires, «c Je vous estime trop discret et de mes amis, dit-il, pour vous refuser et vous celer ce que j'en ai pû sçavoir ou par science ou par conjecture, sur quelles propos tenus à diverses fois en certains lieux où je me suis trouvé. Il n'y a plus de danger, puisque par les effets les résolutions secrettes sont manifestées.
« Vous sçaurez donc que le duc de Guise étant à Soissons, le Roy fut averti qu'il avoit résolu de venir à Paris, appellé et pressé de ce faire par quelques-uns des principaux de ses conjurés, qui lui faisoient entendre que, sans son assistance et le secours de sa propre personne, ils étoient en danger d'être tous ou pendus ou perdus. Sur cet avis, Sa Majesté, par le conseil de la Reine mere, dépécha le sieur de Bellievre pour lui faire très-exprès commandement de n'entreprendre ce voyage, sur peine de désobéissance. Le duc s'étant plaint de cette rigueur, le prie de supplier de "sa part très-humblement Sa Majesté de lui pardonner s'il désobéis-soit en cette occasion, où désiroit très-ardemment de Sa Majesté qu'il lui fût permis d'accomplir son voyage, qui n'avoit autre but que pour lui donner assurance de sa fidélité, et l'informer au vrai de la droiture de ses actions, que les mauvaises volontés de ses ennemis avoient eu le pouvoir de lui rendre douteuses.
« Le sieur de Bellievre étant de retour, assura le Roy xpie le duc obéiroit, bien qu'il sçût tout le contraire, ayant vû premierement et dit la vérité à la Reine mere du Roy, laquelle disoit ou jouoit le double sur le des-
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